Dans la continuité du précédent post, une autre règle de principe applicable en impro, consiste à jouer avec les éléments qui ont été introduits par les différents participants à l’impro. Jouer avec ces éléments, rien que ces éléments et idéalement tous ces éléments. C’est ce que dit chacun des joueurs au cours de l’impro qui devient tour à tour « vrai pour l’impro ». Des éléments peuvent être ajoutés à tout moment cependant la qualité d’une impro nait de quelques éléments maitres de départ autour desquels on brode, on creuse, on sculpte les détails, ce qui permet de donner du relief et du réalisme.
Dans la vie quotidienne, cette règle est peu applicable dans le sens où les données d’entrée sont illimitées et où il est difficile d’interdire d’en introduire de nouvelles. Pourtant sur la base de cette règle d’impro, beaucoup d’idées me viennent. J’y reviendrai progressivement, et je commencerai par celle-ci. Elle rejoint directement la notion d’acceptation.
Je fais une parenthèse sur cette notion d’acceptation. L’acceptation est très différente de la résignation. L’acceptation est une force qui permet d’avancer dans toutes circonstances en s’appuyant sur le principe même que ce qui est ne peut plus être changé. Toutefois, on peut travailler sur ce qui vient. Travailler sur ce qui vient comme seule option et penser à cela seulement, c’est concentrer son énergie vers l’avant. Une solide alternative aux ruminations, regrets, remords et pensées négatives tournées vers le passé.
En impro, il n’y a pas d’autre alternative que de construire avec ce que chacun a apporté sur scène, puisque le reste n’existe pas, en tout cas pas pour le public, qui est la seule référence valable. On fait avec, et cela nous oblige à travailler de manière inventive sur cette base. C’est ainsi, il n’y a rien à faire d’autre ou à espérer d’autre, et c’est un jeu. Il y a mille façons de parler de l’acceptation, l’impro permet d’en faire une parfaite illustration. Voyez par vous-mêmes.
Si vous le souhaitez, vous pouvez considérer que ce que chacun amène autour de la table du repas, c’est cela et pas autre chose, ce que chacun amène en salle de réunion, ce que chacun amène dans la voiture, ce que chacun amène à une fête entre amis. Vous avez votre bagage et vous mettez sur la table ce qu’il y a dedans et pas autre chose comme chaque personne autour de vous, et c’est avec cela que l’on construit le repas, la réunion, le voyage, la fête. Cela donne à chacun une part de responsabilité pour ce qui est sur la table, mais surtout, si je sais que c’est avec cela que je dois faire pour le moment, alors allons-y, construisons, débattons, mais n’essayons pas ‘inventer une autre histoire que celle-ci. C’est cette histoire qui se raconte et il y a un tas de façon de la rendre intéressante.